Après l'AG du 6 décembre, en route pour 2020 !

2019 : une édition toujours réussie !

« Lancastria »

 

Une cérémonie mémorielle franco-britannique émouvante

 

Le 16 juin 2019, Histoire Mémoire Passion 85 a été associée aux commémorations du naufrage peu connu du paquebot britannique Lancastria. Organisée par Monsieur Claude Vigoureux, directeur de l'office national des anciens combattants et victimes de guerre (ONACVG 85), Monsieur Jean-Yves Renaudineau, président du groupe de recherche (GRM 85) et la commune de Noirmoutier, une série de cérémonies a permis d'honorer la mémoire des victimes de la destruction par les bombardiers allemands, le 17 juin 1940, entre Saint Nazaire et l'île de Noirmoutier, d'un des paquebots servant à l'évacuation d'une partie du corps expéditionnaire britannique et de réfugiés civils.

HMP 85 était présente avec une dizaine de participants, avec parfois plusieurs casquette : invités, sonneurs, porte-drapeau et bien sûr reconstitueurs.

Dès 9h30, un office religieux œcuménique réunit plusieurs centaines de personnes dans l'église du Sacré Coeur de l'Herbaudière. Plusieurs dizaines de drapeaux, chants en français et en anglais, sonneries de cornemuse, contribuèrent à créer une atmosphère chargée d'émotions. Les Britanniques furent particulièrement surpris par cet accueil de leurs amis vendéens. Il convient en effet de préciser que le gouvernement de sa Gracieuse majesté, en 1940, se refusa à annoncer cette catastrophe pour ne pas nuire au moral de sa population, déjà très affectée par l'évacuation précipitée de ses forces armées de France depuis Dunkerque et la Bretagne, après la Norvège le mois précédent. Le « secret défense » ne fut levé qu'en... 2015, autorisant enfin un réel élan mémoriel !

A 11h00, les tombes britanniques du cimetière attenant à l'église furent ornées d'une petite croix de bois ornée d'un « poppy », le coquelicot qu'arborent à la boutonnière les Britanniques voulant afficher leur patriotisme. Sur nombre de vestes, on put d'ailleurs voir les poppies épinglés au côté   des bleuets de France. En entendant « Amazing Grace », sonné à la cornemuse par Michel Desmot (Les Sables, HMP85), nombre de gorges se nouèrent.

A 11h30, des centaines de personnes convergèrent vers la pointe de l'Herbaudière, vaste zone fortifiée durant la guerre par les Allemands, site marquant la berge sud de l'entrée dans l'estuaire de la Loire. Autour des autorités organisatrices et de la délégation britannique, s'étaient rassemblés les associations patriotiques et leurs drapeaux, la Préparation Militaire Marine des Sables, la SNSM, les représentants des pompiers et de la gendarmerie, ainsi que les reconstitueurs de HMP85 en tenue française de 1940, que retrouvent chaque année les aoûtiens au Prieuré Saint Nicolas de la Chaume. Monsieur Vigoureux évoqua alors avec conviction le récit impressionnant du drame qui s'était joué au large : disparition du paquebot en 24 minutes, éventré par quatre bombes d'avion qui firent 800 morts directement et crevèrent les réservoirs de fioul. Panique à bord du navire qui prit rapidement de la gîte, saut des naufragés sans brassière dans l'eau mazoutée qu'ils avalèrent et les enveloppa dans une gangue visqueuse, les empoisonnant et les asphyxiant progressivement, nappes noires que les avions allemands essayèrent d'incendier en les mitraillant. Ce scénario de cauchemar coûta la vie aux trois quarts des  7 à 9000 personnes que transportait le Lancastria, pour une capacité théorique de 3000 (et 2200 gilets)... Ce fut la plus grande catastrophe maritime de toute l'histoire britannique, loin devant celle du Titanic, hors toute logique comptable bien sûr.

 

Mais le drame se poursuivit durant plusieurs mois : les corps des naufragés du Lancastria dérivèrent sur l’océan, échouant sur les côtes vendéennes ou dans les filets de pêche... Tout à la fois spectacle traumatisant pour les habitants du littoral et des îles, et rappel gênant pour l’occupant allemand qui refusait les inhumations, les corps mutilés ou en décomposition furent d’abord enterrés sur les plages puis au sein des cimetières communaux. L’identification fut parfois possible grâce aux plaques matricules ou aux papiers personnels conservés par la gangue de mazout. Après la guerre, la Commission des sépultures du Commonwealth procéda à une ré-inhumation des corps et à l’unification des monuments, assurant encore aujourd’hui leur entretien. 203 sépultures liées à cette tragédies sont réparties dans 20 communes du littoral, créant ainsi un parcours mémoriel (du Nord au Sud : Beauvoir-sur-Mer, Bouin, La Barre-de-Monts, Barbâtre, La Guérinière, L’Epine, Noirmoutier, L’Herbaudière, L’Ile d’Yeu, Saint-Hilaire-de-Riez, Saint-Gilles Croix de Vie, Brétignolles-sur-Mer, Olonne-sur-Mer, La Chaume, Les Sables d’Olonne, Château d’Olonne, Talmont Saint-Hilaire, Angles, L’Aiguillon-sur-Mer, Triaize).

Le directeur de l'ONACVG et une petite délégation binationale fut ensuite emmenée l'après-midi par le canot de la SMSM au-dessus de l'emplacement de l'épave du Lancastria, signalé par une bouée, zone de protection et d’exclusion préservant ce qui est devenu un cimetière marin. Un hommage supplémentaire rendu par les gens de mer aux victimes de la guerre et de l'océan... La SNSM, en effet avait contribué en juin 1940 au sauvetage des naufragés du paquebot, avec la délicate mission, compte tenu de ses capacités limitées, de décider qui pouvait espérer survivre ou était trop atteint pour espérer arriver à terre vivant...

Les organisateurs tinrent, enfin, à rendre un hommage aux sauveteurs de la SNSM des Sables d'Olonne récemment décédés dans l'exercice de leur devoir : dans un dernier élan émotionnel, ils jetèrent des bouquets de roses à la mer sur l'itinéraire retour.

 

Yves Béraud, vice-président de HMP 85 (www.histoire-memoire-passion-85.fr)

 

Crédit photographique

    Honneur et Patrie, J-H Bouffard

 

    Dominique Mathurin (HMP85)

"En juin 1919, un groupe d'écrivains rescapés de la Grande Guerre, autour d'Henry Malherbe, Maurice Genevoix, Roland Dorgelès, crée une "Association des Ecrivains Combattants" pour rendre hommage à ses 560 camarades morts pour la France. Parmi ceux-ci, des personnalités déjà connues comme Péguy, Alain-Fournier, Pergaud, Apollinaire, mais, pour la plupart, de jeunes talents inconnus, n'ayant pas eu le temps d'accéder à la notoriété. L'AEC leur consacrera, en 1926, une Anthologie en cinq volumes, et, en 1927, leurs noms seront gravés sur des plaques de marbre apposées sur les murs du Panthéon. Deux d'entre-eux étaient Sablais : Christophe Colombe et Albert Nicoleau.
Un partenariat entre l'AEC et HMP 85 est en projet."